Un film pour déverrouiller le terroir ?

Publié le : 12 octobre 20178 mins de lecture

A 24 ans, Guillaume Bodin a tourné seul un long métrage de 90 minutes consacré au monde du vin, et plus particulièrement à la biodynamie :  »La Clef des Terroirs ». Aubert de Villaine, Thierry Germain ou Oliver Jullien sont quelques-uns des vignerons qui y témoignent de leur vision. Une avant-première du film se tiendra le 11 mars à Mâcon, mais concernant la suite… Y a-t-il des salles dans la salle ?

Vindicateur – Qui êtes-vous, Guillaume Bodin, et d’où vient votre intérêt pour le vin ?

 

Guillaume Bodin : J’ai 24 ans, je suis passionné. J’ai découvert ma voie (vigneron) à l’âge de 11 ans. Depuis, je n’ai pas cessé d’aller à la découverte de tout ce que je pouvais voir dans le monde du vin. En France et à l’étranger (j’ai travaillé 9 mois en Nouvelle-Zélande, dans plusieurs domaines). Je suis un vagabond des vignobles (des amis m’appellent le globe-trotter).

 

Cela fait maintenant 6 ans que je travaille dans des domaines en biodynamie : je suis à la recherche de la compréhension de ce mode de culture qui reste pour moi la seule agriculture viable dans le temps… Pour plus de détails sur mon parcours, je vous invite à visiter mon site. [Bourgogne Live offre également un remarquable panorama des films déjà réalisés par Guillaume – Ndla.]

 

 

Vindicateur – Quels vignerons avez-vous sollicités et tous ont-ils été d’accord pour participer ?

 

Guillaume Bodin : Précisément 26 vignerons, dont une douzaine apparaît dans le film, à savoir : Jean-Guillaume et Jean-Philippe Bret (Domaine de la Soufrandière, Bret Brothers), Thibault Liger Bel-Air, Sylvain Loichet, Nicolas et David Rossignol Trapet, Aubert de Villaine (Domaine de la Romanée Conti), Thierry Germain (Domaine des Roches Neuves), Olivier Jullien (Mas Jullien), Jean-Baptiste Granier (Mas Jullien, Les Vignes Oubliées), Richard Leroy (Les Noëls de Montbenault), Frédéric Servais (Domaine des Poncetys).

 

Apparaissent également deux revendeurs, un conseiller en biodynamie et un agronome : Jasper Morris MW (Berry Bros and Rudd), Renald Duvernay (Vins Duvernay), Pierre Masson (conseiller en biodynamie) et Dominique Massenot (agronome et conseiller en biodynamie).

 

Sans oublier les vignerons que j’ai rencontrés mais qui n’apparaîtront pas dans le film (ils seront dans les bonus DVD !) : Marc Guillemot, Jean-Philippe Fichet, Julien Guillot, Nicolas Jacob, François Chidaine, Philippe Gilbert, Pierre Louis, André Lenhardt, Thomas Thiebert, Olivier Pithon, Cyril Fhal, Aimé Guibert, Thierry Hasard et Patrick Hudelot.

 

Je n’ai pas eu de grosses contraintes pour obtenir les rendez-vous. J’avais fait un tour de France en 2009 en exposant mon projet, et je suis retourné chez les personnes qui m’ont le plus emballé. Aujourd’hui j’entretiens une relation amicale avec la majorité d’entre eux.

 

 

Vindicateur – Pourquoi axer votre film sur la Biodynamie ?

 

Guillaume Bodin :  »Ce n’est pas en étant contre quelque chose qu’on avance, c’est en étant pour quelque chose » – Hubert Reeves. De nombreux documentaires très bien réalisés esthétiquement ont permis de sensibiliser les populations aux dangers du système que l’être humain a créé, mais ces films amènent assez peu de solutions au naufrage de notre planète.  »La Clef des Terroirs » c’est un peu l’antithèse du genre : amener une solution agricole sans (trop) critiquer le système en place.

 

La biodynamie est un monde complexe à comprendre, je pense qu’il est très difficile de l’expliquer de manière claire et limpide. J’ai mis toute mon expérience du monde du vin au service de ce documentaire. Je pense que la biodynamie est la seule manière de conserver le terroir (patrimoine) français. Dans le  »nouveau monde » ils ont compris l’intérêt de ces méthodes et commencent à mettre en place cette agriculture. Si nous ne faisons rien le vin français risque de perdre beaucoup de notoriété, alors il faut faire bouger les choses.

 

Je pense également que les consommateurs sont à la recherche d’informations sur cette agriculture. J’essaye de jouer le rôle de celui qui digère un peu toutes ces idées, et les retransmet en 90 minutes en apportant une ouverture d’esprit.

 

 

Vindicateur – Votre regard sur cette méthode de culture a-t-il évolué entre le début et la fin du tournage ?

 

Guillaume Bodin : Bien sûr. Comprendre le vrai rôle des bovins dans l’agriculture, la découverte de terroir et de personnages  »magiques » de la biodynamie, interviewer des vignerons qui livrent une part des secrets de leur métier, ça ne pouvait que me faire évoluer. Avant de démarrer le projet j’étais déjà persuadé de la richesse de cette méthode. Je me suis rendu compte au fil des interviews que la personnalité de chaque  »paysan » influait énormément sur la manière de percevoir cette agriculture. Ces différences permettent de magnifier le terroir de façon exemplaire.

 

 

Vindicateur – Quel ont été les moments les plus forts durant le tournage ?

 

Guillaume Bodin : Je serais tenté de dire le premier rendez-vous avec Aubert de Villaine de la Romanée-Conti ! Il fallait que j’obtienne une interview coûte que coûte, alors je me suis donné à fond et ça à marché. Après, des moments forts il y en a eu d’autres, comme la soirée chez Thierry Germain suite à son interview, sans parler de ma relation amicale avec les frères Bret pour qui j’ai travaillé (à la vigne et en cave) durant la saison du tournage.

 

 

Vindicateur – Où, quand et sur quels supports pourra-t-on visionner votre film ?

 

Guillaume Bodin : L’avant première aura lieu le vendredi 11 mars à Mâcon, il y a 390 places et j’ai peur que ce soit vite plein (j’ai vécu 8 ans à Mâcon et je connais beaucoup de monde et de vignerons là-bas).

 

Je suis à la recherche de lieux de projection, je fais moi-même la distribution, j’ai quelques contacts dans la Loire, en Bourgogne, mais si des lecteurs souhaitent organiser une projection dans leur cinéma, je suis prêt à me déplacer et à faire les démarches. Toutes les infos sont disponibles sur le site du film.

 

Je travaille en ce moment avec un réalisateur à la retraite qui m’aide beaucoup et nous pensons à une diffusion télé. Je vais également soumettre le film dans les festivals, notamment œnovidéo (cette année du 2 au 5 Juin à Arbois).

 

Je vais aussi tourner dans les lycées viticoles, parce que c’est de là que je viens, et il y a encore de nombreuses lacunes dans la formation, notamment sur les notions de terroir, de sol, de bio et de biodynamie.

 

Pour finir je pense à une sortie en DVD et Blue-Ray (le film est tourné en HD) fin mai 2011. Pour le moment, je pense produire moi-même le DVD mais rien n’est encore finalisé.

 

 

Vindicateur – Quelques anecdotes de tournage pour conclure ?

 

Guillaume Bodin : Une belle histoire c’est la rencontre avec Jean-Noël Roy, réalisateur de grands directs à la télé dans les années 60, et sa femme, Marie. La Soufrandière (le domaine des frères Bret) appartenait à la famille de Marie dans les années 50, et dans l’une de leurs escapades ils ont donc décidé d’aller découvrir ce lieu dont Marie ne possédait qu’une ancienne carte postale… Ils sont arrivés pendant le repas de fin de vendanges, découvrant un lieu vivant, Jean-Gui et Jean-Phi Bret, les propriétaires… Tout le monde s’est lié et on a passé un bon moment. Et Jean-Noël m’aide aujourd’hui dans le montage !

 

 

Propos recueillis par Antonin Iommi-Amunategui

©Vindicateur, 01/2011

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