Damien Bonnet :  »On s’est aperçu que les meilleurs vins étaient les moins trafiqués »

Publié le : 03 septembre 20204 mins de lecture

A 30 ans, Damien Bonnet est aux manettes du domaine de Brin (à Castanet, du côté de Gaillac) depuis le millésime 2008. Une dizaine d’hectares, une dizaine de cépages, près de dix cuvées : de quoi bien s’amuser ! Mais Damien, qui aime le vin naturel et les vieilles bagnoles, est d’abord un vigneron sérieux, qui entend faire des vins  »authentiques ».

Damien Bonnet fait ce qu’il est convenu d’appeler des vins naturels. Et comme tous les bons faiseurs, c’est d’abord un bosseur. Pour commencer, il a repris le domaine familial, où il est  »fier de pouvoir faire évoluer les choses » sans pour autant s’opposer à la génération précédente :  »Il n’y pas de conflit de générations, mon père m’aide beaucoup et me soutient. »

Il a également de bons rapports avec les vignerons alentour :  »Nous avons toujours entretenu de bonnes relations avec les voisins, même si l’on ne se croise pas tous les jours. J’ai mes deux voisins viticulteurs les plus proches – dont un qui a une parcelle très proche de mes vignes – qui viennent de passer en bio, donc je suis tranquille côté vignes. »

Du coup, le gaillard de Gaillac (la plupart de ses vins arborent cette appellation) est tranquille pour faire des vins qu’il souhaite authentiques :  »Je veux faire des vins authentiques. Je n’utilise pas de levure, je ne fais pas de filtration [ou légère, voir ci-après], pas de collage. J’ajoute juste un petit peu de soufre en fin de vinification. »

 

Des vins naturels et sérieux

Pas de soufre ou si peu ? Un blogueur de passage au domaine a demandé à Damien si ça causait des déviances dans ses vins :

 »Je demande à Damien, qui ne sulfite pas ou très, très peu (entre 0 et 10 mg de SO2 suivant les cuvées après analyse) s’il n’a pas des problèmes avec ses vins, notamment avec des cuvées possédant encore un peu de sucres. Le process de fermentation est bloqué par légère filtration, et à ce jour pas de problèmes constatés. Dans tous les cas, j’ai clairement une réponse à la question : est-ce qu’un vin sans SO2 pue obligatoirement ou possède une légère déviance ? Non. Les vins de Damien sont droits, presque trop parfois à mon goût. »

Des vins naturels et sérieux, donc. Souvent très bons aussi. Mais pourquoi aller dans cette direction, celle du vin naturel ? Effet de mode, question de génération, sens du marketing ? Que nenni :

 »La passion est surtout arrivée pendant mes études en BTS viti-oeno à Carcassonne avec des amis, notamment Anthony Tortul [La Sorga], lors de soirées bien arrosées avec de bons plats autour… Et à force de goûter et d’aller visiter des caves, on s’est aperçu que les meilleurs vins étaient ceux qui étaient les moins trafiqués. »

Damien fait donc les vins qu’il aime boire, et d’ailleurs s’il aime en parler, le commerce c’est moins son truc :  »J’aime beaucoup parler de mon vin et de mon travail, mais pas trop le côté commercial. J’adore aussi les vieilles bagnoles, je tiens ça de mon père qui chine depuis qu’il a 20 ans. Il m’a aussi transmis le goût pour le vieux mobilier des années 50, 60, 70, ou les vieilles plaques de pub, les vieux objets… Ce qui m’a permis de faire un bar sympa pour accueillir les clients. »

On pourra donc aller goûter sa jolie palette de vins accoudé au zinc old school du domaine, ou encore au salon Rue89 des vins, à Paris les 2 et 3 juin prochains, où Damien et ses vins seront présents parmi une quarantaine d’autres vignerons. A noter deux autres dégustations très réjouissantes autour de ce même week-end : Les Papilles Résistent (à Ivry) et Naturisme (à Montreuil).

 

Antonin Iommi-Amunategui

Crédit photo : Wine Terroirs

©Vindicateur, 05/2013

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