Une moitié de Sarnin-Berrux, c’est déjà énorme

Publié le : 12 octobre 20174 mins de lecture

Jean-Pascal Sarnin, c’est la moitié de Sarnin-Berrux, négoce bicéphale en vins naturels, sis à Saint-Romain (Bourgogne). L’autre lobe, c’est Jean-Marie Berrux. Mais c’est Jean-Pascal qu’on a croisé, longuement, chez lui, à Saint-Romain. L’homme est un enthousiaste, un grand vivant, comme ses vins.

Sarnin-Berrux, c’est tout bu

Les vins du négoce Sarnin-Berrux se baladent sur une douzaine d’appellations (Meursault, Aloxe-Corton, Volnay, Gevrey-Chambertin, Saint-Romain, Savigny…) pour un volume qui devrait prochainement avoisiner les 40 000 bouteilles (si l’on additionne les 10 000 cols hors négoce du  »Petit Têtu », issus des vignes de Jean-Marix Berrux). Et ça se vend très bien, merci pour eux.

Le vin est naturel. Essentiellement bio à la vigne (ils sélectionnent soigneusement les parcelles des vignerons avec lesquels ils collaborent, et les suivent millésime après millésime, c’est même une condition sine-qua-none pour travailler avec eux) et pas bidouillé au chai : un peu de sulfites, beaucoup de soins.

Et pas mal de technique, aussi, avec notamment un système assez élaboré de pression à air comprimé, une invention maison qui leur permet d’éviter toute oxydation prématurée dans les cuves ; ou encore un choix de barriques à peine chauffées et une hygiène rigoureuse.

Sur fût, les vins goûtent très bien (même en  »jour racine » – Jean-Pascal consulte le calendrier biodynamique de feu-Maria Thun et en tient compte avant toute manipulation). Sur le millésime 2011, le Saint-Romain blanc ou le Meursault sont déjà éclatants, vibrants. En bouteilles, l’aligoté 2011 est croquant et doté d’une belle fraicheur (un peu de gaz aidant). Le simple Bourgogne rouge 2011 offre un joli jus, à boire sans manières, joyeusement. Le Gevrey-Chambertin 2010 est une soie bien tramée, et le Volnay 2010, un vin plein, à la belle mâche…

Il faut aussi parler de leur rosé 2011, issu de grenache (des raisins de Gérald Oustric) à la couleur prononcée, quasi-fushia : un vin de gastronomie, pour la table, mais d’une évidence déconcertante. Plaisir précis, le risque c’est surtout d’en manquer. La nouvelle cuvée de grenache rouge,  »Les Mûriers », conçue à partir des mêmes raisins, encore un peu engoncée dans une matière prometteuse, a besoin de s’assouplir : on l’attendra de pied ferme et la lippe souple.

 

Négoce et nuits blanches

Au-delà des vins, très bons, pas forcément donnés (mais nous sommes en Bourgogne, où rien n’est donné), qu’il faut vraiment rechercher, le garçon, Jean-Pascal est un genre de crème de cassis humain.

A 43 ans, fou de vin et de cuisine (cherche pas, il connaît mieux ta ville et ses bons plans gastro que toi), il emmène sans problème une tablée au petit matin, en endossant le rôle du capitaine, débouchant bouteilles et anecdotes à la même bonne allure. Un type en or, couleur de Saint-Romain. D’ailleurs, il ouvrirait un restaurant un de ces jours qu’on ne serait pas surpris (et qu’on s’empresserait de réserver).

A noter également, la jolie maison d’hôte tenue par Véronique, sa pétillante épouse, qui répond au nom de Domaine de la Corgette, mais partage, en fait, les locaux du négoce : y séjournant, vous dormirez donc au-dessus des fûts de Meursault et de Saint-Romain… Autrement dit, en très bonne compagnie.

 

Aller plus loin

 

Antonin Iommi-Amunategui

Photo : Jean-Pascal Sarnin et Samia aux fourneaux ; le rosé 2011 au premier plan.

©Vindicateur, 08/2012

À lire en complément : Du vin pour les punks

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