Faut-il mettre Parker et Bettane à la retraite ?

Publié le : 13 octobre 20174 mins de lecture

La petite clique des critiques fameux est-elle bonne pour la casse, dépassée, has-been ? Ou ont-ils plutôt toute leur place dans un monde du vin en gestation permanente, eux qui frayent dans les vignobles depuis des dizaines de millésimes, véritables mémoires ambulantes du vin ?

Oui, il faut les pousser à la retraite presto !

 

  • Parker est né en 1947 : 62 ans c’est un bon âge pour se ranger.
  • Parker a dû accumuler une telle cave qu’il ferait bien d’arrêter de travailler et d’inviter des amis plus souvent à la maison.
  • Parker met tellement de 100/100 à des Chateauneuf-du-Pape qu’on peut raisonnablement le soupçonner d’être à la solde du Vatican.
  • Parker a assuré que 2008 était un grand millésime dans le Bordelais (quel adjectif ne risque-t-il pas de nous sortir pour le 2009 !)
  • Parker, lors d’une dégustation à l’aveugle de 15 grands crus bordelais du millésime 2005, se serait totalement emmêlé les pinceaux : il aurait confondu Pape Clément et Angélus, aurait pris un Pomerol pour un Saint-Estèphe, aurait reconnu Lafite en goûtant Troplong-Mondot… Cette dégustation a-t-elle vraiment eu lieu ? L’information reste à confirmer. Mais si tout cela a été inventé, c’est que Parker fait l’objet de haines et jalousies terribles : la retraite lui évitera des ulcères.
  • Bettane s’écrie que « le vin bio n’existe pas » et il met 20/20 aux super-bios de Zind-Humbrecht (typique d’un Alzheimer naissant ?).
  • Le site de Bettane & Desseauve est tellement mal fichu qu’on peut raisonnablement en déduire que Bettane est dépassé pour avoir laissé faire ça.
  • Bettane a dit lui-même lors de ce qu’il est convenu d’appeler le Davos du Vin (à la Villa d’Este fin octobre) que le futur de la critique œnologique se situerait à la convergence entre les professionnels et les amateurs, avec une interactivité permanente entre eux (soit à peu près tout le contraire de son site Internet).

 

 

Non, ils sont encore bons pour le service !

 

  • Tous deux savent s’entourer de jeunes talents.
  • Parker est né en 1947, millésime exceptionnel dans le Bordelais : il y revient chaque année pour fêter son anniversaire – il y revient via une bouteille en tout cas – si l’on en croit John Kolasa, le directeur de Rauzan-Ségla.
  • Parker note les vins, et ses notes font vendre le vin (français notamment) dans le monde entier.
  •  »Parker est un homme brillant, un bosseur fou, le plus honnête à l’évidence des critiques œnologiques de notre temps », nous assure Hervé Bizeul, du Clos des Fées, sur son blog.
  • Bettane ne croit pas aux faux vins bios : ces vins dont les raisins sont bien issus de l’agriculture biologique mais qui, ensuite, sont retouchés voire trafiqués en cuves (ainsi que la loi le permet à ce jour). C’était donc un cri plutôt juste, une provocation pas si gratuite que ça. Et il paraît qu’il est même capable d’apprécier des vins nature…
  • Bettane a récemment sorti son nouveau guide des vins (3ème édition cette année) avec le compère Desseauve, et il faut bien admettre que ce guide n’est pas sans qualités.
  • Bettane  »a été le premier à parler en bien du fameux millésime 1982 alors que chacun en donne la paternité au grand Bob [Parker, ndlr] ». (Grand Jury Européen)
  • Bettane  »connait la Bourgogne mieux que bien des bourguignons ». (GJE)

 

Bon, alors, on les encabane en maison de retraite ou pas, les vieux loups de mer du vin ? Laissons leur peut-être encore quelques années : ils aiment et connaissent si bien le vin et, s’ils sont parfois faillibles, c’est qu’ils sont humains, les papis.

 

 

Antonin Iommi-Amunategui

© Vindicateur, 11/2009

À lire en complément : « J’ai goûté Ausone 1947 »

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