Pourquoi boire du vin ?

Publié le : 14 août 20205 mins de lecture

Y a-t-il une bonne raison de boire du vin ? On se défouraille les méninges, on creuse la question. C’est de l’alcool, c’est calorique, c’est souvent cher, c’est faire comme papa ou grand-père : pas très tendance alors, voire insensé ? Voilà qui débute mal… Pourquoi boire du vin à la fin ?

Parce que la Bible et les Grecs en causaient déjà ?

 

L’occurrence  »vin » apparaît des centaines de fois dans la Bible. Jésus fait, multiplie carrément le vin. Et, hors la Bible, combien d’écrits religieux ou antiques font mention du breuvage en question ? Des tonnes : le liquide rouge tache d’innombrables pages sacrées… D’ailleurs, toute bonne tablée bourgeoise chrétienne a son Médoc ou son Saint-Emilion dressé le dimanche (et son grand cru de Bourgogne à Noël ?).

 

 

Pour emmerder les hygiénistes ?

 

Il y a(urait) un lobby anti-vin – il y a des lobbies anti tout – que dénonce régulièrement Jacques Berthomeau sur son blog, avec l’élégance qu’on lui connaît : il y va au rasoir, lentement, plutôt qu’à la sulfateuse… Ces  »hygiénistes » qui taxent le vin de mille et un maux (cancer et compagnie) ont été jusqu’à affirmer qu’un seul verre de vin, c’était déjà mauvais pour la santé. Après tout c’est vrai qu’un seul gaz mal négocié, peut causer un déchirement… Puisqu’on est dans le ras des pâquerettes, restons-y.

 

 

Parce que c’est aphrodisiaque ?

 

Une partouze géante de blogueurs du vin va y consacrer une journée spéciale dans le cadre des  »Vendredis du Vin » : le sexe et le vin feraient bon ménage ! Le Bordeaux fait pisser, le Bourgogne fait bander, a d’ailleurs dit quelqu’un (qui ne devait pas être Bordelais). Une étude (sic ?) italienne a expliqué en deux temps trois mouvements que les femmes qui buvaient du vin rouge avaient plus de rapports sexuels que celles qui n’en buvaient pas… Désinhibant, pas de doute !

 

 

Parce que le bio c’est bon ?

 

Ah, ça c’est tendance ! Le bio a débarqué en force dans les rayons de la grande distribution, dans les spots publicitaires, où on voit sautiller des carottes bio et des femmes se caresser le visage à la bio-crème de jour… Et dans le vin, du bio, il y en a plein. Seulement voilà : les vignerons bios ne sont en général pas préoccupés d’être  »tendance ». Ils se contentent de faire ce qui leur paraît approprié.

 

 

Pour s’engager en politique ?

 

Mais qu’est-ce que tu me chantes là ? Vin et politique ? Eh bien, imaginons quelqu’un qui ne boit que bio, voire  »nature » – il y en a – dans une volonté de consommer équitable, environnemental… En effet il rejoindrait le courant, politique, de la consommation environnementale. Boire ces vins-là, ce serait comme militer. Les écolos au bistro ! (Le slogan, c’est cadeau.) Et, sur un mode plus sérieux, l’agriculture est en première ligne de la question environnementale ; et les viticulteurs, en tant que tenants d’une agriculture souvent précise ou prestigieuse, ont peut-être une responsabilité supérieure : ils font ou doivent faire figure d’exemples ?

 

 

Parce que papa en a dans sa cave ?

 

Papa ou grand-père collectionne les flacons, les vins et la poussière ; il a peut-être même suffisamment de bouteilles pour en avoir oublié une bonne partie : on peut donc lui en soustraire quelques-unes sans problème, ou même les lui demander. Ce sera toujours moins cher qu’un pack de bières.

 

 

Mais qu’est-ce que ça peut te faire, bonhomme ?

 

Pourquoi faudrait-il une  »raison » pour boire du vin ? La seule raison, c’est que c’est bon. Et si ça ne l’est pas, c’est l’évier qui déguste. Le reste, tout le reste, c’est un bruit de fond parasite, un grand brouhaha, parce qu’on ne sait pas se taire, nous autres clowns mortels, alors on bavasse ! On invente des histoires.

 

 

Parce que c’est un vecteur…

 

Le vin n’est pas une fin, mais un moyen de locomotion immobile, un bel accessoire de la comédie humaine, un poème à 2 ou 5 verres. C’est une sympathie liquide, un début prometteur, un  »il était une fois… ». Grand vecteur d’imaginaire et d’idées. D’où qu’on en coule tant d’encre.

 

 

Crédit illustration : Francine Van Hove

Antonin Iommi-Amunategui

©Vindicateur, 10/2010

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