Ouf, le vin OGM n’existe pas… ou si peu ?

Publié le : 20 septembre 20174 mins de lecture

 »Les OGM sont des poisons ! » titrait hier (et aujourd’hui en version papier) le Nouvel Obs dans un article qui a secoué l’Europe, et dont on imagine qu’il empêche de dormir une bonne partie des dirigeants de Monsanto en ce moment même. L’article en question révèle les résultats d’une étude menée secrètement sur 200 rats durant deux années : nourris au maïs OGM, les rats ont développé  »deux à trois fois plus de tumeurs » que les rats nourris au maïs non-OGM. Dans le vin, ouf, pas d’OGM… Ah si, tiens, jusqu’à 0.9% autorisé. Y compris dans le bio.

OGM partout, justice nulle part ?

C’est une petite ligne de la réglementation encadrant les produits issus de l’agriculture en Europe. L’autorisation de la présence  »fortuite ou accidentelle » de 0.9% d’OGM dans le produit fini. Ainsi, à 0,9% ou moins, le fabricant n’est pas tenu d’indiquer la présence d’OGM dans son produit.

Pourtant, le seuil de détection – en-dessous duquel on ne peut donc pas détecter la présence d’OGM – se situerait à environ 0,1%. Alors pourquoi cette latitude, de près de 1%, entre le seuil de détection et l’obligation de mentionner la présence d’OGM sur l’étiquette ?

Selon certains, ce seuil de 0,9% permettrait à des produits industriels d’être préparés notamment avec de la lécithine de soja OGM sans avoir à l’étiqueter… Ah ouais, quand même. Bien ouèj, les lobbies.

Et il faut voir d’ailleurs comme le GNIS (qui fédère l’interprofession semencière pro-OGM) explique ces mélanges  »fortuits », à l’aide de sentences définitives :  »Dans la nature, la pureté absolue n’existe pas. » Encore un peu et ils vont nous expliquer que les OGM sont anti-nazis.

Et tout ça, bien sûr, vaut aussi pour le vin, y compris le bio. Puisque ce bonus OGM caché est possible, permis, pour tous les produits issus de l’agriculture.

Néanmoins, les anti-OGM viennent d’obtenir une petite victoire : la mention  »sans OGM » pourra désormais être accolée sur les produits qui en contiennent moins de 0,1%.

 

Militante ou pas, cette étude était nécessaire

La recherche révélée par le Nouvel Obs, qu’elle soit orientée ou pas, a notamment le mérite de montrer à quel point les Etats n’ont pas fait leur boulot en termes de recherche sur les OGM.

Il suffit de voir les réactions politiques brusques qui ont immédiatement suivi la parution de l’article (avant même que l’étude complète soit analysée).

Nous sommes donc bien  »tous cobayes » (pour reprendre le titre du livre, et du film adapté du livre, qui vont tous deux sortir dans la foulée de cette étude). Et qu’elle soit attaquable ou non sur le plan de la méthodologie, cette étude était donc nécessaire.

La GD ne fait pas que de la merde

D’ailleurs, une fois n’est pas coutume, il faut dire du bien de la grande distribution, puisque parmi les financements de cette recherche – qui aura coûté plusieurs millions d’euros – on trouve notamment Auchan et Carrefour.

OK, certes, c’était un peu intéressé :  »Les patrons de la grande distribution (Carrefour, Auchan…) se sont réunis pour l’occasion en association. Depuis la vache folle, ces derniers veulent en effet se prémunir de tout nouveau scandale alimentaire. A tel point que c’est Gérard Mulliez, fondateur du groupe Auchan, qui a débloqué les premiers financements. »

Cela dit, ce n’était peut-être pas du luxe de mettre un peu la main à la poche : en effet, à en croire le guide des produits avec ou sans OGM édité par Greenpeace, les deux enseignes emballent pas mal d’OGM dans leurs rayons…

Ah et, au fait, si, le vin OGM existe. Il est chinois.

 

Antonin Iommi-Amunategui

Photo : Réseaux citoyens de St-Etienne

©Vindicateur, 09/2012

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