Chapelles, mon cul !

Publié le : 19 septembre 20173 mins de lecture

Sous prétexte que certains exploitent le filon à des fins purement commerciales, que d’autres expriment leur engagement avec maladresse, on prend souvent trop de pincettes avec le  »bio » – on n’en parle qu’avec mesure. Alors que l’évidence saute aux yeux : le bio c’est bien, banane ! En fait, le problème est ailleurs.

Hors le bio, point de grand cru ?

 

Monsieur référence absolue, Aubert de Villaine de la Romanée-Conti lui-même, RUN DRC pour les intimes, ne conçoit pas qu’on puisse produire de grand cru autrement ; citons :  »Naturellement, on est devenu bio, et ça me paraît impossible de ne pas l’être [en] Grand Cru. »

 

Ne parlons pas des résidus de pesticides, parfois cancérigènes, que le premier chercheur venu ne manquera pas de déceler s’il analyse un vin dit  »conventionnel ». Alors, chapelles ? Mon cul ! Et voguent les vins bio, les vins  »nature » et naturels, la biodynamie et la cosmoculture.

 

Aucun anathème jeté ici (non, vraiment) sur les autres modes de culture, juste l’affirmation que le  »bio » est objectivement le meilleur choix. Et que le dire n’a rien d’un militantisme.

 

Même s’il faut immédiatement nuancer en précisant, avec insistance, qu’un vin  »bio » n’est pas forcément un vin bon (comme n’importe quel vin). C’est juste une base de raisins sains, à partir de laquelle on peut, aussi, faire n’importe quoi… Mais le problème, en fait, est ailleurs.

 

 

30 exploitations agricoles disparaissent chaque jour

 

Le problème est ici : 30 exploitations agricoles disparaitraient, chaque jour, en France. Ça jette un froid. Les raisons de ces cessations d’activité sont bien sûr multiples, particulières, du cas par cas. Un large faisceau de causes qui, nouées ensemble, constituent le malaise global de l’agriculture ; une agriculture qui est littéralement maltraitée.

 

Dans ces conditions, comment demander aux agriculteurs, aux viticulteurs notamment, de se  »convertir au bio » ? Une conversion qui, dans les faits, prend des années, et implique des investissements, des risques… Il faut bien manger, avant de manger bio. On ne peut pas leur jeter la pierre, Pierre.

 

Actuellement, sauf erreur ou évolution très récente, l’aide à la conversion biologique pour la viticulture s’élève à 350€ par hectare par an (le crédit d’impôt octroyé ayant par ailleurs été revu à la baisse). C’est loin d’être monumental.

 

En outre, le calcul du montant de l’aide repose exclusivement sur la taille de la surface à convertir, et cela ne va pas dans le sens des exploitations modestes, ce qui est également regrettable à bien des égards… Une aide à la conversion – monumentale et contextuelle – est nécessaire.

 

 

Antonin Iommi-Amunategui

Crédit illustration : Ordre de la Sainte Fesse

©Vindicateur, 02/2011

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