Vices et vertus du vin

Publié le : 14 août 20205 mins de lecture

Dans le désordre : le vin est bon pour le cœur, le vin file le cancer, le vin protège le cerveau de la sénilité, le vin stimule le désir sexuel… Il paraît même que le vin fait pousser un troisième téton.

Il ne se passe pas un mois sans qu’une étude plus ou moins scientifique apporte sa pierre à l’édifice : le vin contribue à ceci, le vin augmente cela, le vin est terrible, le vin est merveilleux. Et il y en a pour tous les goûts, tous les râteliers, à boire et à manger, depuis le cancer jusqu’à la libido… Et si on décidait qu’on s’en fout ? Et si on décrétait simplement que le vin est une boisson d’adulte qu’on ne doit pas boire à la légère, n’importe comment, mais qu’on peut boire normalement, agréablement ?

 

 

Les cancéreux sont sexy

 

Tout le petit monde du vin s’en est émoustillé : une étude menée dans un hôpital de Florence auprès de 789 femmes affirme que la consommation d’un à deux verres de vin rouge par jour « accroît le désir sexuel chez la femme ». Et cet effet ne serait pas dû au seul pouvoir désinhibant de l’alcool, le vin rouge aurait « un effet direct sur l’activité sexuelle ». Les femmes qui boivent un à deux verres de vin rouge par jour auraient ainsi une vie sexuelle « beaucoup plus active » que les autres…

 

Quinze jours plus tôt, une étude aussitôt controversée de l’Institut national du cancer (INCa) expliquait que la consommation d’un ou deux verres de vin par jour suffisait à favoriser l’apparition de cancers. Déjà, dès 2007, un rapport du même INCa indiquait « qu’en matière de prévention des cancers, en l’absence de dose sans effet, la consommation régulière d’alcool n’est pas conseillée ».

 

 

Le vin, potion magique ou poison mortel ?

 

De nombreuses autres études ont mis leur grain de sel ou de poivre dans le moulin et s’il est uniformément admis qu’une consommation excessive d’alcool est systématiquement néfaste, le nœud du problème réside autour de la question de la consommation modérée : peut-on oui ou non boire du vin, modérément, sans risque ? Un ou deux verres par jour, c’est bon ou c’est mauvais ? Ça rend sexy ou moribond ?

 

Mais, ainsi posée, la question n’est peut-être pas pertinente. En soi, le vin n’est ni un poison mortel ni un remède universel. Et vouloir trancher sur ses effets néfastes ou ses hypothétiques vertus, c’est donner dans le Don Quichotte, dans un sens comme dans l’autre. Le vin, c’est bon et c’est mauvais. A l’image de la vie, dont on meurt.

 

 

Le vin est un vecteur

 

Le vin ce n’est pas l’eau, ce n’est pas indispensable. Le vin est un vecteur de plaisir. Dans cette perspective, il ne devrait jamais être consommé sans convivialité, ni tous les jours (car le plaisir qu’il procure s’irradie alors de routine).

 

Il se peut d’ailleurs que le vin soit effectivement dangereux dès la première gorgée – vecteur de risques. Mais il en va de même pour bien d’autres gorgées, bouchées, bouffées… et le vin n’est certainement pas le pire des vecteurs de plaisir. Mais sabordons s’il vous plaît la question en décrétant qu’une société qui priverait l’homme de tous ses vices n’est ni sérieuse ni souhaitable.

 

 

 

Antonin Iommi-Amunategui

© Vindicateur, 08/2009

Plan du site