Les pigeons du vin

Publié le : 20 septembre 20173 mins de lecture

L’actu, les pigeons, les  »geonpi », on ne va pas la rejouer. Ces malheureux néo-entrepreneurs qui se plaignent de ne pas pouvoir revendre tranquillement leur petite entreprise, leur Instagram potentiel ! Et qui ont même réussi à enfiler une plume dans le gosier du gouvernement. Bien joué, les #geonpi (Copé va vous filer un pain au chocolat). Mais dans le vin, les geonpi, les pigeons, c’est autre chose.

Moins de 5, plus de 50 : même combat

On se fait autant avoir à boire trop cheap qu’à boire trop cher.

Le rapport entre coût de production et prix de revente étant, à peu de choses près, le même dans les deux cas.

Certaines piquettes vendues 4 ou 5 euros coûtent en effet quelques dizaines de centimes à produire. De même, certains grands vins vendus des dizaines, voire des centaines d’euros, ont des marges grotesques.

Trop bas ou trop haut, on tombe donc toujours dans le panneau. L’essentiel des meilleurs vins se situant dans la fourchette, déjà large, allant de 8 à 30 euros environ.

8 euros mini ? C’est déjà cher, objectera-t-on. Pas si l’on considère que ces vins ne sont pas vendus en GMS, à des volumes colossaux, mais conçus par des domaines à taille humaine, et disponibles chez les cavistes indépendants, qui travaillent sur de petits volumes et sans marges arrières.

30 euros maxi ? On passe à côté de tout un pan de la viticulture, objecteront d’autres. Quelques champagnes ou vins jaunes peut-être, oui, qui seront l’exception, mais pour le reste, on ne loupera pas grand-chose.

 

Il ne doit pas y en avoir que pour les wine advocates

En guise de conclusion, ce mot d’Eric Callcut, vigneron de 1995 à 1999, auteur d’à peine plus de 12 000 bouteilles en tout et pour tout (et aujourd’hui auteur tout court), mais dont les vins remarquables et quasi-épuisés jalonnent encore une poignée de très bonnes tables ou cavistes ; Callcut répondait en effet à la question de savoir s’il vendrait ses vins plus chers s’il était vigneron aujourd’hui :

 »Non, ça me gênerait qu’il n’y ait que les avocats qui puissent en acheter. »

Ainsi parlait Jajathoustra.

 

Antonin Iommi-Amunategui

Photo : Desinfestation.ch

©Vindicateur, 10/2012

Plan du site