Des vins de France contre la vague bleue Marine

Publié le : 13 octobre 20174 mins de lecture

Quel rapport entre un  »Vin de France » (le néo-vin de table) et Marine Le Pen ? La France ! Mais les vins de France ne sont pas nationalistes, c’est même tout le contraire : voilà des jus de terre susceptibles d’émigrer loin, très loin de leur sol. Le vin de France est d’ailleurs souvent métis, en plus d’être un expatrié. Un basané et un immigré… Tiré par les cheveux ? Pour éviter d’avoir des idées-crabe dans la tête.

Les vins de France ont vocation à devenir des immigrés

 

L’évolution même du nom, de vin de table à vin de France, a des allures migratoires. Le vin de table sonnait comme ce vin sorti d’un casier et aussitôt posé sur la table, pour être bu, là, tout à côté ; le vin de France prend la mer, lui, avec des grands airs de paquebot (n’en déplaise à Michel Sardou).

 

C’est bien sûr, d’abord, un changement marketé, mais qui est plutôt pertinent de ce point de vue : avec 20% de la production mondiale de vin issue de France, le vin d’ici doit être radicalement tourné vers l’extérieur. Ouvert. Cosmopolite. Et considérant le bordel systémique, souvent insensé des appellations, on va voir de plus en plus de  »Vins de France » débarquer en périphérie des AOC, dans leurs banlieues chaudes…

 

Allez, encore une couche : le vin en France est souvent un basané, assemblage de cépages, de jus qui se mélangent. Une alchimie joyeuse et toujours différente, renouvelée. Et quand il n’y a pas d’assemblages, les nuances viennent du sol. Comme en Bourgogne, où on dénombre des centaines de climats, autant de parcelles distinctes (des  »climats » qu’il faut d’ailleurs soutenir).

 

 

Rouge-blanc-rosé comme black-blanc-beur ?

 

Les vins de France illustrent, à leur manière, la diversité. En voici trois qui cassent la baraque à frites, et qu’on ne mettra sur un bateau que pour en vendre (une partie, pas tout) dans le reste du monde.

 

Vin de France rouge, L’Escarpolette La Petite Crapule 2010 : ça schtroumpfe bien ! Une crapule qui vous fait une partie de bonto dans la bouche. Ni vu ni connu, vous aimez, c’est bon, ça glisse tout seul.

 

Vin de France blanc, Dom. Rivaton Blanc Bec 2009 : une tuerie, à l’acidité royale d’abord, comme des serres d’aigle, puis bavarde comme la pie qui chante, tout le temps que ça déroule, en fondant longuement…

 

Vin de France rosé, Henri Milan Le Jardin 2009 : last grand rosé standing ? Des grands rosés, ça ne court pas les rues. En voici un. Piochez-en vite quelques bouteilles, c’est l’ultime millésime. Après, basta le rosé chez Milan, parce que c’est une idée trop compliquée à faire passer : un grand vin rosé, oh l’autre !

 

Alors, vive la France ! (dont la jeunesse, et les vins jeunes en l’occurrence, emmerde le Front National depuis 1985).

 

 

Antonin Iommi-Amunategui

Crédit photo : La Boîte Verte

©Vindicateur, 03/2011

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