Tentative d’attentat à la pudeur par le vin

Publié le : 20 novembre 20193 mins de lecture

Ecarteler le vin, le tirer par les cheveux. Sortir le vin du vin. Ne pas le laisser entre les mains molles de x, méprisantes de y. Combien d’idées justes ou subversives, sont nées autour d’un verre, voire au goulot ? Le vin, aristocratique et révolutionnaire, doit retrouver cette dualité ; il s’est bien trop souvent rangé, marketé, perdu. Le vin est un outil ludique, philosophique, politique, provocateur, poétique – humain. Faites-en un simple produit, luxueux ou bon marché, et c’en est fini de lui. Toute sa vertu tient en ce qui ne se vend pas. Malgré tout.

Le vin est la cyprine de la terre

 

Une source parfaitement peu fiable a répercuté l’information selon laquelle la cyprine (cette humidité que l’excitation sexuelle provoque chez la femme) aurait des effets bénéfiques sur la santé de quiconque l’ingérerait… Le fameux gynéco-blogueur du vin aura peut-être un avis sur la question ? Quoi qu’il en soit, disons que le vin est la cyprine de la terre : on peut difficilement croire que c’est un médicament, mais ça fait plaisir, c’est certain.

 

 

Anthropomorphisme du vin

 

On entend régulièrement dire d’un vin qu’il ressemble au vigneron qui l’a conçu (d’ailleurs, leurs parents leur donnent parfois un prénom). On prête en effet au vin des caractéristiques quasi-humaines : c’est l’anthropomorphisme. Un peu fou ou droit, humble ou extravagant, franc ou tortueux, bavard ou strict, sensuel, timide… Il paraît même que certains vins sont sexy ! Il y a sûrement aussi ce qu’on y met de soi, inconsciemment ; on aime les vins comme un enfant ses doudous, crocodile ou souris, chat ou chien… Poupée gonflable ?

 

 

Fascistes du vin

 

Qui sont les fascistes ? Tous ceux qui ferment la porte à un vin par principe. Le condamnent a priori. A quand les labels jaunes sur les vins jugés a priori inférieurs ? Oups, sale amalgame en forme de croix… Mais forcer le trait, permet de prendre de la hauteur. L’amateur juste, humble et sincère, saura apprécier par exemple, différemment mais aussi bien, un bon vin d’étiquette et un bon vin  »nature ». Si c’est bon, c’est bon.

 

Au-delà, on peut vouloir naïvement poser la question de l’expression du terroir : est-elle en effet seulement possible, si ce dernier est lourdement traité, chimiquement défiguré… En fait, bien sûr, la question ne se pose déjà plus depuis longtemps. Et les vignerons ? Ils en meurent aussi, merci. Parfois ne pas prendre parti, c’est le pire parti qui soit… Alors, soyons un peu fascistes – radicaux ?

 

 

Antonin Iommi-Amunategui

Crédit illustration : Heather Dee

©Vindicateur, 02/2011

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