Les Français boivent du mauvais vin

Publié le : 13 octobre 20174 mins de lecture

Ce n’est même pas de la provoc, mais un constat objectif, fondé sur deux observations. La première, c’est que le prix moyen d’une bouteille vendue en France, notamment dans les circuits de la grande distribution (qui en constitue l’essentiel) varie, selon les enquêtes, de 2 à 4€. La seconde observation, c’est que 99% des vins sélectionnés par la totalité des guides, revues, blogs et sites Internet consacrés au vin ont des prix plus élevés… En clair, les vins que tous les prescripteurs – professionnels ou amateurs – jugent  »bon » ne sont généralement pas ceux que les Français boivent. WTF ? dirait un anglophone.

Démocratiser le vin : contradiction dans les termes ?

 

Démocratiser le vin, c’est le leitmotiv – légitime – de nombreux acteurs et commentateurs dans le monde du vin. Mais qu’en est-il dans les faits ? Est-ce que ce peut être autre chose qu’un effet d’annonce, un simple slogan ?

 

Selon Michel Bettane, un vin de qualité ne peut pas coûter moins de 5€, c’est-à-dire que le coût de production de la qualité se traduit par des prix publics égaux ou supérieurs à 5€. Ce qui est plus que ce que la majorité des Français déboursent lorsqu’ils achètent du vin.

 

Ce chiffre de 5€ est subjectif, mais il semble correspondre à une réalité au moins empirique. Ainsi, par exemple, sur Vindicateur seuls 36 vins sur plus de 13.000 sont sous la barre des 5€.

 

Pour démocratiser le vin, il faut donc d’abord convaincre le  »demos » (toi, moi et elle là-bas) d’accepter de payer – au moins – 5€ pièce leurs bouteilles, bien avant de commencer à leur suggérer tel ou tel vin.

 

 

Modéraction ou vérité

 

Le bon ça se paye. Le vigneron qui se casse le dos à faire de beaux raisins et à les vinifier bien, il ne joue pas dans la même catégorie que tic ou tac. Il est censé pouvoir vendre son vin un certain prix. Et il ne s’agit pas là d’étiquette prestigieuse ou de chic classement, mais bien de qualité. Purement, bêtement.

 

On ne parle pas non plus de mille ou de cent euros. Au-delà de quelques dizaines d’euros, ce n’est plus le vin qu’on paye, mais l’étiquette ou la rareté. On peut donc passer sa vie à boire des vins qui valent entre 5 et 50€ et faire le tour de la question. Mais sauter du créneau 2-4€ à celui de 5 à 50€, ça fait déjà un sacré virage.

 

C’est ici que la modéraction intervient. Le concept qui claque. On va le suggérer au Ministère de la Santé. Parce que se modérer c’est bien, c’est sain ; mais plutôt qu’une modération négative (contre les effets néfastes de l’alcool), pourquoi ne pas préférer une modération active – par le prix et pour la qualité : achetons en effet nos vins un peu plus cher et un peu moins souvent qu’à l’hyper, chez les cavistes indé qui sont les relais des vrais vignerons. C’est la modéraction… ou la vérité ?

 

 

Antonin Iommi-Amunategui

Crédit photo : Montpellier Daily Photo

©Vindicateur, 11/2010

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