Un Grand Blanc qui ne mord pas

Publié le : 14 août 20203 mins de lecture

Compte-rendu de dégustation sincèrement mordu d’un grand vin blanc de Provence.

Domaine MILAN

Vin de Table de France – Le Grand Blanc – MMVII (2007)

 

Cépages : Grenache Blanc, Rolle, Roussane, Chardonnay, Muscat Petit Grains

Agriculture : biologique certifiée

Production : 15 200 cols

Titre alcoolique : 13.5°

Prix au domaine : 18 €

Apogée : 2010-2019

Aération : 1 heure

Service : 10-12°

 

 

Le vin avance masqué. Masque du verre, masque des appellations. Un Vin de Table, ça pique, ça mord ? Ce Grand blanc du domaine Milan ne mord pas et, surtout, il arbore ce masque des sans-appellations à des fins plus secrètes, dont celle sans doute de pouvoir surpasser certains vins d’appellations moins téméraires… Les appellations ne sont en effet que des cadres (souvent nécessaires) et les vignerons de talent savent parfaitement jouer hors-cadre. Henri Milan est de ceux-là : le Grand Blanc est lâché.

 

 

On est à Ibiza en moins bête

 

Le vin est ouvert depuis une heure… Il s’avance dans sa robe de Champagne sans bulles. Il tombe le peignoir pour entrer en bouche, couvert d’une pellicule de fruits jaunes, qu’on croirait finement confits. Mais ce Grand Blanc est surtout en longueur. Et trompeur, car bientôt à ses poignées d’amour fruitées, succède une amertume bienvenue après tant de générosité gourmande. S’agirait-il d’un vin pour les amoureux de la bière ? Car c’est l’amer du houblon, de la bière, qu’on perçoit (le 2006, pardon le MMVI – les Vins de Table n’ayant pas le droit d’afficher leur millésime – avait déjà ça, cette amertume). Notre Grand Blanc n’est donc pas monochrome ; il a des revers chatoyants, profonds… C’est un parc d’attraction qui tombe soudain la barbe à papa, et vire boîte de nuit en plein air (d’iode et de bière). On est à Ibiza en moins bête. La vraie fête, c’est profond. Alors, tous à squale ?

 

 

– Antonin Iommi-Amunategui

© Vindicateur, 10/2009

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