Le Syndrome du Vin de Merde

Publié le : 13 octobre 20173 mins de lecture

Espèce de détournement de Beaujolais Nouveau, la cuvée  »fucks@rkozy.com » a déjà pas mal fait parler d’elle. Domaine inconnu (L’Astrolabe), vigneron idem (Pierre Pitiot), mais étiquette banzaï et, surtout, message accrocheur : fucks@rkozy. Fuck qui ? On se souvient du  »Vin de Merde », ce vin du Languedoc qui avait cartonné, notamment dans les médias ; son auteur ironisant sur les aprioris négatifs pouvant exister autour des vins de la région… Mais, au-delà des messages potaches ou plus militants, la question qui compte sûrement, c’est : est-ce que le vin est bon ?

Avatar du Beaujolais Nouveau

 

Fucks@rkozy.com est un avatar du Beaujolais Nouveau qu’on débouche joyeusement aujourd’hui. Comme le nouveau, c’est un  »primeur »’ du Beaujolais, du jus de gamay à peine rasé, millésimé 2011 et déjà en bouteilles, déjà du vin.

 

L’étiquette est de Luz, l’auteur de la  »Une » du numéro spécial de Charlie Hebdo, Charia Hebdo (avec les conséquences qu’on sait). Le nom de cuvée potache et provoc a été suggéré par Richard Bellia, bon compère du vigneron, photographe mi-fou mi-raisin, plutôt très doué.

 

Luz, Sarkozy… Autant de thèmes accrocheurs qui ont déjà valu à ce vin,  »fucks » pour les intimes, quelques bons coups de projecteur (20 Minutes, France 3 Rhône-Alpes, Rue 89 Lyon, Métro….). Mais ça ne suffit pas à faire un bon vin.

 

 

Un bon fucks ?

 

Le vin est  »nature », bio à la vigne (en conversion, pour la mention officielle) et sans rien à la cuve, pas un poil de produit. Protégé par du gaz, naturellement présent, il  »perle » un peu à l’ouverture, picote légèrement. Mais ça passe, vite, et on peut même vouloir secouer la bouteille pour dégazer presto.

 

Et le vin dedans ? Il rend quoi, finalement ? Du fruit rouge, noir, hilare. Une matière souple, coulissante, où rien n’accroche, sinon ce joli foulard de fruit à peine fumé. Un dernier peps pulpeux allume la bouche et, voilà, le tour est joué. C’est réjouissant, évident, gourmand. Oui, c’est bon !

 

Hélas, sur les 2000 et quelques bouteilles produites, beaucoup ont été pré-vendues, il n’en reste déjà quasiment plus… Sauf à Paris, entre autres jolis vins, au cours d’un certain Grunge Tasting, le lundi 12 décembre prochain !

 

 

Antonin Iommi-Amunategui

©Vindicateur, 11/2011

À lire en complément : Pérez Cruz : une cave pour découvrir le secret du vin chilien

Plan du site